Report des épreuves de spécialités de Bac : quelles conséquences?
Voilà un nouveau rebondissement dans la saga de la réforme du bac en temps de Covid : les épreuves des enseignements de spécialités que les élèves devaient passer à la mi-mars sont reportées à la mi-mai. Dans son annonce le ministre explique que ce report a un triple objectif : l’équité entre les élèves, la sérénité de leur préparation et la qualité du diplôme.
Chacun y va de ses analyses et remarques, notre rôle n’est pas de commenter une décision, de l’approuver ou de la désapprouver mais plutôt d’en expliquer les conséquences au regard de notre expertise : l’orientation des élèves.
Pourquoi cette décision a-t-elle un impact sur leur orientation ?
La procédure Parcoursup permet aux élèves de faire connaître leur projet d’orientation en postulant auprès des formations qui les intéressent. Celles-ci, lors de leur sélection de leurs futurs étudiants, prennent en compte le dossier de l’élève via ses bulletins de 1ère et Terminale, ses expériences (par les rubriques « Activités ») et sa motivation (par les projets motivés). Afin d’avoir une lecture exhaustive des dossiers et d’atténuer les différences entre des notations très favorables d’un professeur ou celles plus sévères d’un établissement, les épreuves des enseignements de spécialités, passées à la mi-mars devaient faire partie des éléments de lecture des dossiers de chaque candidat. Ainsi, les formations post bac auraient eu entre les mains différents éléments d’appréciation des qualités de chacun. Ces épreuves devaient également permettre à un élève qui aurait eu un démarrage d’année difficile ou des résultats en dessous de ses espérances de « mettre le paquet » au deuxième trimestre pour non seulement remonter ses moyennes mais aussi montrer tout son potentiel. Ce ne sera pas possible et un élément important manquera donc dans le dossier Parcoursup.
Autre impact :
Parmi les éléments phares de la réforme figurent le Grand Oral pour les filières générales et technologiques et le Chef d’œuvre pour les filières professionnelles. Point culminant de la fin du lycée, le Grand Oral permet à l’élève de réfléchir sur une problématique en lien avec ses enseignements et venir exposer celle-ci à un jury de deux professeurs. La qualité de la réflexion, de l’argumentation mais aussi l’aisance et la posture générale du candidat sont alors évaluées selon une grille de notation. Cette épreuve de 20 mn prévoit un temps d’échange libre de 5 mn entre le candidat et son jury autour de son projet d’orientation : pertinence de ses choix de spés, projet professionnel, etc. peuvent être abordés ; cet exercice venant compléter le travail mené dans la constitution du dossier Parcoursup. Le Grand Oral doit se tenir à la fin du mois de Juin et les élèves pouvaient, jusqu’à présent, bénéficier du dernier trimestre de cours pour le préparer. En effet, les chapitres abordés en Terminale sont répartis en deux catégories : ceux sur lesquels les épreuves anticipées peuvent porter et ceux sur lesquels les élèves peuvent s’appuyer pour leur Grand Oral (ces derniers étant donc abordés par les professeurs après les épreuves dites « de mars »).
Sans lire dans une boule de cristal on peut facilement imaginer que les élèves vont se retrouver à faire le grand écart entre les révisions pour les épreuves anticipées et le travail sur les nouveaux chapitres pour le Grand Oral… Notons qu’en cas de réorientation, la note du Grand Oral devient un élément important du dossier Parcoursup
Bref, la sérénité de préparation et la qualité de l’examen risquent de pâtir du changement de calendrier
Les retours des élèves sont mitigés. Beaucoup sont déçus, agacés, voire désemparés. Ils viennent de travailler sur leur bac blanc, le marathon a commencé mais … la ligne d’arrivée vient d’être repoussée de deux mois. D’autres ont dans un premier temps sauté de joie « Je vais avoir plus de temps pour réviser ! » avant de réaliser que telle note dans le contrôle continu n’est pas terrible et qu’il ne sera pas possible de relever la barre par la note de spé dans le dossier Parcoursup : elle n’y figurera pas ! D’autre, enfin, s’inquiètent de cette année bien longue et d’une fausse bonne nouvelle qui vient au contraire ajouter un travail supplémentaire : les révisions de chapitres pour les écrits se superposant au travail de préparation des épreuves de fin d’année. Tous disent que l’année va être longue et s’attendent à de nouveaux rebondissements.
Si une chose est certaine c’est que nos jeunes ont depuis deux ans développé un formidable sens de l’adaptation et de la résilience. Sans parler de la crise sanitaire, les règles du jeu sont sans cesse modifiées en cours de partie. E3C, pas E3C, changement des coefficients, changement du nombre de textes à présenter, changement de date des épreuves… Dans la cour de récré des petits quand on change de règle de jeu, les enfants s’arrêtent de jouer et disent « c’est pas juste !». Mais nos jeunes, eux, coûte que coûte, avancent, s’adaptent, « font avec ».
Bravo ! Je vous admire !
Chaque jour j’observe votre ténacité et votre persévérance. Courage à vous ! L’année de Terminale est une épreuve à elle seule et vous allez réussir avec succès …
On croit en vous !
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Cécile Altherr.
Consultante en orientation scolaire Eurêka Study, Yvelines
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